Ostéopathie et autisme
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De nombreuses tensions se manifestent corporellement chez la personne présentant des troubles du spectre autistique (TSA ou autisme). Les approches corporelles sont pourtant encore peu présentes dans la prise en charge proposée et beaucoup de familles souhaitent se tourner vers des approches complémentaires comme l’ostéopathie. Se posent alors plusieurs questions.
1- Que peut-on attendre de l’ostéopathie chez un autiste ?
2- Comment l’ostéopathe soigne-t-il ?
3- Comment l’ostéopathe adapte-t-il son approche pour soigner un autiste ?
4- A quoi s'intéresse plus particulièrement l'ostéopathe chez l’autiste ?
5- Quelles recherches ont été réalisées sur le traitement en ostéopathie des enfants autistes ?
6- Comment se déroule une consultation d’ostéopathie avec une personne autiste ?
7- Que peut apporter le traitement d’ostéopathie par rapport aux prises en charge habituelles comme la psychomotricité et l’ergothérapie ?
1 - Que peut-on attendre de l'ostéopathie chez une personne autiste (trouble du spectre autistique ou TSA)?
L’autisme est un fonctionnement neurologique particulier. Les causes évoquées par les chercheurs sont multiples. Il s'agit certainement d'une combinaison de facteurs allant de la prédisposition génétique à des facteurs environnementaux (pollution, bactéries…).
L’ostéopathie n’est évidemment pas un remède miraculeux qui pourrait y remédier. Notre approche s'envisage comme un accompagnement complémentaire. Nous verrons, dans le dernier paragraphe de cet article, le rôle de l’ostéopathie chez l’autiste par rapport aux autres approches comme la psychomotricité ou l’orthophonie.
Les témoignages de l’entourage proche du patient autiste font régulièrement état d’une amélioration du comportement après un traitement d’ostéopathie.
On peut regretter que les approches corporelles aient été très peu étudiées dans le domaine des Troubles du Spectre Autistique (TSA). Il n’existe, du coup, pas de publication scientifique qui démontrerait l'efficacité de l’ostéopathie chez les autistes. Des expérimentations à petite échelle ont été, néanmoins, initiées. Nous y reviendrons dans le 5ème paragraphe de cet article.
2 - Comment l’ostéopathe soigne-t-il ?
L’ostéopathie est une médecine de terrain. Le praticien se base sur la perception de l’organisation du corps de son patient. Il cherche à identifier avec ses mains les tensions corporelles, les endroits du corps plus durs ou « récalcitrants ». Ce n’est pas uniquement une approche analytique faite de tests mais aussi une écoute du corps.
Chacun a une organisation corporelle qui lui est propre. Elle se construit au fil de notre histoire, des contraintes auxquelles nous avons pu être exposées et à la façon dont elles se sont inscrites dans notre corps.
Le corps est un peu comme une feuille de papier : quasiment vierge au début de la vie et qui se froisserait au fur et à mesure des chocs, des chutes.
Le corps a bien heureusement un système de régulation qui lui permet de se réajuster lors de traumatismes. L’ostéopathe peut intervenir pour donner un coup de pouce au corps lorsqu’il en a besoin. Il l’aide à se dégager de certaines contraintes pour faciliter son fonctionnement. La restriction d’une structure (que ce soit un os, un muscle, un viscère, ou encore un nerf) peut, en effet, finir par provoquer un déséquilibre de l’état de santé ; à l’image d’un rouage grippé entravant le fonctionnement d’une machine.
3 - Comment l’ostéopathe adapte-t-il son approche avec une personne ayant des troubles du spectre autistique (autisme) ?
L’ostéopathe prendra en compte, en premier lieu, la sensorialité qui peut être particulière chez une personne autiste. Le traitement des informations sensorielles peut, en effet, être perturbé avec une perception, à certains moments exacerbée ; et, au contraire, à d’autres moments inhibée.
Chaque autiste a un rapport tout à fait singulier à ce qui l’entoure. La perturbation sensorielle va, en effet, atteindre plus ou moins certains sens et varier aussi dans le temps. On parle d’ailleurs de trouble du spectre autistique (TSA) pour exprimer le caractère très variable des symptômes.
L'ostéopathe adaptera donc son toucher aux réactions du patient autiste. Il pourra notamment favoriser un toucher ferme et franc. Le toucher par effleurement pouvant plus facilement être désagréable pour une personne ayant des difficultés à percevoir son corps et des difficultés de modulations sensorielles (perception inhibée ou exacerbée).
4 - A quoi s’intéressera plus particulièrement l’ostéopathe chez une personne autiste (TSA) ?
L'ostéopathie est une approche globale. Elle cherche à optimiser l’état de santé du patient et sa capacité de régulation. Il n’existe donc pas de recette toute faite pour traiter l’autisme en ostéopathie.
Il est important chez une personne autiste de chercher à soulager les inconforts ou les douleurs. La douleur et la difficulté à ce qu’elle soit comprise par l’entourage, peut, en effet, contribuer à exacerber les troubles du comportement et du sommeil chez l’autiste.
L'ostéopathe cherche donc à :
- comprendre si le patient autiste ressent un inconfort ou des parties de son corps comme douloureuses,
- soulager les contraintes mécaniques provoquées par les gestes répétitifs, le bruxisme et certaines postures,
- rechercher les contraintes liées à des chutes ou des chocs passés ; plus particulièrement chez les autistes ayant eu des crises convulsives (crise d’épilepsie),
- apaiser les inconforts digestifs : comme la constipation qu'elle soit liée à la prise de médicaments ou à un choix alimentaire sélectif.
5 - Expérimentation de l’ostéopathie chez des enfants autistes
Expérimentation du traitement en ostéopathie crânienne
Marjorie Bethancourt, dans son mémoire de fin d’étude, a cherché à déterminer si une organisation crânienne particulière pouvait être décrite chez des enfants autistes. Ce type de recherche peut permettre de donner des pistes de traitement chez ces patients mais ne prétend pas déterminer un protocole systématique de traitement ostéopathique.
Cette ostéopathe a ainsi soigné 7 enfants autistes. L'évaluation palpatoire réalisée a permis de décrire une compression récurrente au sommet de la tête (au niveau de la suture sagittale entre les os pariétaux) et une compression entre la partie basse du crâne et la première vertèbre cervicale.
Six des sept enfants traités ont vu des améliorations de leur santé s’opérer après le traitement d'ostéopathie. Cette observation a été rapportée par les parents et par une évaluation par un psychologue spécialisé grâce à l’échelle d’évaluation « CARS » utilisée pour l’autisme. Les évolutions touchent des aspects très différents d’un enfant à l’autre ; notamment à cause des spécificités propres à chaque enfant dès le départ dans l’expression des symptômes.
Expérimentation du traitement en ostéopathie du lobe frontal
Cette partie du cerveau (située derrière le front) joue un rôle très important dans :
- la synthèse des informations de la perception du monde qui nous entoure (elle reçoit des connexions de pratiquement toutes les autres parties du cerveau ; notamment les régions du cerveau s’occupant de la vue et de l’audition),
- dans un deuxième temps, le lobe frontal permet la mise en oeuvre d’une action. C’est lui qui envoie l’ordre d’exécution de l’action.
- le lobe frontal a aussi un rôle très important dans le langage. A l’arrière, en bas et à gauche de cette partie du cerveau, se situe en effet « l’aire de Broca » qui contrôle le langage,
- c’est à l’intérieur du lobe frontal que se situe aussi la représentation que nous avons de notre corps, appelée « homonculus ».
On comprend pourquoi un problème de fonctionnement de cette région peut être influente chez un autiste.
Hélène Dussison, dans le cadre de son mémoire de fin d’étude d’ostéopathie, s’est proposée d’orienter le traitement d’ostéopathie sur le crâne et plus particulièrement sur cette partie du cerveau appelée « lobe frontal ». Ce type d’expérimentation vise à mettre une évidence l’effet d’une technique ciblée mais ne s’apparente pas à un traitement d’ostéopathie tel qu’il est pratiqué habituellement en consultation. En effet, les contraintes pouvant se transmettre d’une structure à une autre, l’ostéopathe appréhende toujours le corps dans son ensemble pour le relâcher.
Elle a donc traité 7 enfants autistes, en ciblant le relâchement du lobe, au cours de 4 consultations d’ostéopathie. Les parents ont été interrogés et ont indiqué que leur enfant avait été dans la semaine suivant les traitements « décontracté », « souriant », « détendu » et « serein ». Cet effet a eu tendance à s’accroître au fil des 4 consultations.
L’auteur, pour améliorer ces résultats, proposerait de rapprocher les traitements et rappelle que dans le cadre d’une consultation normale l’ostéopathe appréhende le patient dans sa globalité en soignant l’ensemble du corps.
6 - Comment se passe une consultation chez l’ostéopathe avec une personne autiste (TSA) ?
Il est important d'échanger par téléphone avant le premier rendez-vous d’une personne autiste chez l’ostéopathe. Ce premier contact avec l'ostéopathe permettra de préparer la consultation. Le jour du rendez-vous, il sera ainsi possible de commencer le traitement d'ostéopathie sans faire attendre le patient - situation qui peut être angoissante.
L'ostéopathe saura s'adapter pour aider le patient autiste à se sentir en confiance :
- le patient peut rester habillé pendant la consultation d’ostéopathie,
- il est libre de s’installer dans la position qui lui semble la plus confortable. Les enfants peuvent rester sur les genoux de leurs parents,
- certains ostéopathes proposent à leurs patients une couverture lestée qui apportent une sensation de calme en stimulant le sens proprioceptif (meilleure perception du corps),
- il est possible durant la consultation d’écouter une musique, de prendre un objet pour se calmer (fidget, stimtoy)...
Le travail de l'ostéopathe se fera avec une approche adaptée. L'ostéopathe n'utilisera pas de mobilisations brusques ou manipulations de type craquement qui pourraient surprendre le patient.
7 - Que peut apporter l’ostéopathie en complément des prises en charges habituelles comme la psychomotricité et l’ergothérapie ?
L’ergothérapeute cherche à faciliter l’autonomie de l’individu dans ses activités quotidiennes. Il va analyser le comportement de son patient pour déterminer son profil sensoriel ainsi que les fonctions motrices et cognitives qu’il faut chercher à favoriser. Il pourra ensuite proposer des adaptations d’aménagement du cadre de vie, des solutions techniques pour l’habillage, l’hygiène, la communication ou faciliter les acquisitions motrices et cognitives par des exercices.
Le psychomotricien connaît particulièrement bien le développement moteur et neurologique de l’enfant. Il tente de rééduquer les troubles du développement par des mises en situation et des apprentissages spécifiques. Les méthodes de thérapies utilisées par les psychomotriciens sont riches et variées.
L’orthophoniste s’intéresse à ce qu’on appelle « l’oralité » c’est à dire tout ce qui concerne la bouche. Il va, en partant des intérêts de l’enfant, chercher à diversifier ses moyens de communication. L'orthophoniste s’intéressera aussi à sa façon de s’alimenter (rééducation bucco-faciale).
Ces praticiens passent essentiellement par des exercices ou des stimulations (sous forme de jeux). L’ostéopathe a une approche très différente car il passe par l’écoute du corps du patient pour l’aider à se relâcher, sans solliciter en général la participation volontaire du patient.
Solène Chavane s'est formée à l'abord de la personne autiste à travers différentes formations. Ostéopathe à Paris dans le 13ème arrondissement, elle consulte au Cabinet Médical Spécialisé de l'Enfant et de l'Adolescent. Elle est enregistrée au Centre Ressource Autisme Ile-de-France (C.R.A.I.F.). Pour en savoir plus, vous pouvez consulter son site internet (https://osteoparischavane.fr).
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