Quelle chaussure choisir pour un bon amorti ? Analyse approfondie des dernières données scientifiques

La question du choix des chaussures de sport, et plus spécifiquement de l’amorti, fait l’objet de nombreuses recherches dans les sciences du sport. Avec l’explosion des modèles « maximalistes » ces dernières années, à l’image de la gamme Hoka, les pratiquants sont de plus en plus nombreux à s’interroger : faut-il privilégier un amorti important pour réduire les blessures, améliorer la performance, ou existe-t-il un risque d’effets délétères à long terme ? Cet article se propose de faire un état des lieux actualisé des connaissances scientifiques sur l’amorti, afin d’aider les coureurs et professionnels de santé à faire des choix éclairés.
1. Comprendre l’amorti : définitions et fonctions biomécaniques
L’amorti d’une chaussure désigne sa capacité à absorber les forces d’impact générées lors de la phase d’attaque au sol. Cette absorption passe principalement par deux mécanismes :
- La dissipation mécanique de l’énergie via les matériaux de la semelle intermédiaire.
- La répartition de la charge sur une surface plus large, diminuant les pics de pression plantaire.
L’amorti se quantifie par des mesures instrumentales de déformation des matériaux et de réduction des accélérations transmises aux segments proximaux (tibia, genou, bassin).
Sur le plan fonctionnel, l’amorti est censé :
- Diminuer les vibrations osseuses et les contraintes articulaires.
- Réduire la fatigue musculaire.
- Améliorer le confort perçu à l’effort.
2. L’amorti et le risque de blessure : que dit la littérature récente ?
2.1. Pas de réduction systématique des blessures
La revue systématique de Willy & Paquette (2022, Sports Medicine) est une référence majeure sur ce sujet. Les auteurs ont compilé les données issues de 28 études randomisées contrôlées portant sur les chaussures amorties et le risque de blessure en course à pied.
📌 Résultat clé :
"Les preuves sont insuffisantes pour affirmer qu'un niveau élevé d'amorti réduit de façon significative le risque global de blessure chez le coureur moyen."
2.2. Profilage du coureur : une donnée déterminante
Plusieurs travaux (Malisoux et al., 2016 ; Chan et al., 2018) montrent que l'effet protecteur éventuel de l’amorti est modulé par le profil du coureur :
- Coureurs lourds (>80 kg) : effets protecteurs modestes retrouvés, notamment sur les atteintes articulaires.
- Coureurs novices : une réduction transitoire des douleurs mécaniques.
- Coureurs expérimentés et légers : pas d'effet protecteur évident, voire un risque augmenté de certaines blessures (tendinopathies, douleurs de hanche) en cas de chaussures très amorties.
3. Amorti, économie de course et performance
3.1. Impact sur le coût énergétique
L’économie de course (Running Economy) désigne la consommation d’oxygène à vitesse constante. Plusieurs essais contrôlés (Pollard et al., 2023 ; Hoogkamer et al., 2018) ont mis en évidence qu’un niveau modéré à élevé d’amorti, associé à des mousses légères et réactives (PEBA, EVA haute performance), peut :
- Réduire la consommation d’oxygène de 3 à 4 %.
- Améliorer la performance sur longues distances.
C’est notamment le principe exploité par les chaussures à mousse ultra-légère type Hoka Mach 6, qui combine amorti et retour d’énergie (découvrir toutes les spécificités ici).
3.2. Retour d’énergie vs déperdition
Cependant, il existe un seuil au-delà duquel un amorti excessif devient contre-productif :
- Les matériaux très mous peuvent accroître le temps de contact au sol, ce qui nuit à la réactivité.
- Ils peuvent altérer la rigidité longitudinale du pied, impliquant une perte de rendement sur les efforts courts et explosifs (Kulmala et al., 2020).
4. Effets biomécaniques de l’amorti : adaptations motrices et risques secondaires
4.1. Modifications de la cinématique de course
Études en laboratoire (Kulmala et al., 2020 ; Mallya et al., 2021) :
- Augmentation de l’attaque talon (heel-strike) avec les chaussures fortement amorties.
- Réduction du travail musculaire des triceps sural et d’absorption au niveau des chevilles.
- Compensation par un travail accru au niveau des hanches et genoux, potentiellement problématique pour des sujets prédisposés.
4.2. Atténuation proprioceptive
L’hyper-amorti réduit les sollicitations sensorielles plantaire (sens proprioceptif) :
- Risque : moins bonne anticipation et adaptation aux irrégularités du terrain (DeVita et al., 2016).
- Conséquence possible : majoration de certaines entorses chez les coureurs de trail.
5. Chaussures maximalistes : un cas particulier
5.1. Définition et caractéristiques
Les chaussures dites « maximalistes » sont définies par :
- Une semelle intermédiaire épaisse (>30 mm).
- Un drop faible ou modéré (4 à 8 mm).
- Un poids contenu grâce aux nouvelles mousses expansées (type Profly+ chez Hoka).
5.2. Avantages :
- ✅ Moins de stress ostéo-articulaire, notamment en descente.
- ✅ Excellente gestion de la fatigue musculaire sur volume long.
- ✅ Bon compromis entre amorti et réactivité grâce aux technologies modernes.
5.3. Limites :
- ❌ Sensations altérées sur terrains techniques.
- ❌ Risque accru de modification du schéma de course sans adaptation préalable.
- ❌ Nécessite un accompagnement progressif dans l’utilisation, notamment pour les profils minimalistes.
6. L’importance d’une approche individualisée
La science converge aujourd’hui vers un consensus : l’amorti ne doit pas être choisi de manière standardisée, mais en fonction de plusieurs critères spécifiques :
Profil | Recommandation générale d’amorti |
---|---|
Débutant | Amorti modéré à élevé, drop intermédiaire. |
Surpoids (>80kg) | Amorti généreux, structure stable. |
Longues distances (>20km) | Amorti élevé et réactif type Hoka Mach. |
Performance courte (<10km) | Amorti léger ou modéré, dynamisme prioritaire. |
Trail technique | Amorti modéré, semelle avec accroche priorisée. |
Coureur minimaliste confirmé | Usage très progressif des modèles maximalistes. |
7. Ostéopathie, course à pied et choix de la chaussure
La chaussure est un facteur extrinsèque parmi d’autres dans la prévention et la prise en charge des troubles liés à la course à pied. Chez Reflex Ostéo, nos praticiens constatent régulièrement l’impact :
- D’un amorti mal adapté sur des tendinopathies chroniques.
- D’un défaut d’accompagnement lors de la transition vers un modèle plus amorti ou plus minimaliste.
- De déséquilibres posturaux exacerbés par des changements de chaussures non anticipés.
👉 L’idéal ? Un accompagnement individualisé et pluridisciplinaire.
Pour les ostéopathes souhaitant approfondir leurs connaissances biomécaniques et mieux accompagner leurs patients coureurs, nous proposons la formation spécialisée sur la course à pied animée par Mathieu Gonzales. Cette formation, riche en apports scientifiques et retours de terrain, permet d’intégrer les dernières données EBP dans sa pratique ostéopathique.
Conclusion : Comment choisir concrètement ?
➡️ Il n’existe pas de chaussure miracle, mais des modèles adaptés à chaque situation :
- Maximalisme raisonné pour les longues distances.
- Amorti intermédiaire pour l’usage mixte route/trail.
- Dynamisme et réactivité pour les séances de fractionné et les distances courtes.
📌 Pensez toujours à :
- Tester progressivement tout changement de modèle.
- Intégrer dans vos routines un travail pied nu ou minimaliste pour conserver la proprioception.
- Adapter le choix de vos chaussures à votre charge d’entraînement globale, votre morphologie et vos pathologies antérieures.
et votre éventuelle expérience avec l'ostéopathie !
Temoignages
Votre expérience est précieuse ! Partagez-là avec notre communauté de plus de 212 000 patients.
Racontez nous votre parcours thérapeutique, vos symptômes, et votre éventuelle expérience avec l'ostéopathie !