L'accouchement physiologique : bonnes et mauvaises pratiques
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Pour que la grossesse se termine en beauté, mieux vaut être préparée pour l'accouchement. Vous vous demandez quelles sont les bonnes pratiques pour que ce temps fort se déroule au naturel ? Voici de quoi répondre à vos questions !
L’ouverture des frontières et la mondialisation des idées et des traditions permettent, de temps en temps, de prendre conscience que certaines de nos pratiques ne sont pas forcément les bonnes et que celles de nos voisins peuvent être très intéressantes.
Avec le développement de la santé au naturel (alimentation bio et locale, amélioration de l’hygiène de vie pour limiter l’impact sur la santé, sport plus adapté à chacun, etc.), se sont posées des questions sur ce qui est à l’origine même d’une vie : l’accouchement.
Une courte histoire de l’accouchement
L’accouchement, jadis un moment sacré, au sens presque religieux du terme, sanctuarisé, était un moment où la sagesse des femmes était le coeur même de l’action. C’est-à-dire que les matrones de l’époque connaissaient souvent le fonctionnement du bassin féminin et les différentes étapes d’un accouchement : le travail, l’engagement et la délivrance. On accouchait chez soi, entourée de femmes "savantes".
Et ce, sur tous les continents. Les sage-femmes, matrones ou sorcières, selon le vocable d’époque et de territoire, s’adaptaient aussi bien à la femme qu’au mode de vie. Ainsi, en Amérique du Sud, il était (et c’est toujours le cas) de coutume d’accoucher accroupie en s’aidant de lianes pour que la parturiente se tracte dessus. En Amérique centrale, on accouchait plutôt assise sur des chaises trouées. Dans d’autres localités, il était de mise d’accoucher à quatre pattes ou presque debout. Et plus généralement on pouvait parfaitement changer de position pendant les différentes phases de l’accouchement.
La main basse de la religion sur le corps des femmes et sur leurs savoirs, en Occident, a interdit les sage-femmes et les positions jugées par certains comme « dégradantes ». Ainsi, les femmes ont été obligées d’accoucher sur le dos, quand bien même cette position est aux antipodes de la physiologie obstétricale.
Heureusement, les chaînes se brisent, la parole se libère et le corps des femmes aussi. L’accouchement « physiologique » est donc en train de redevenir une sorte de norme. En tous cas, un objectif pour beaucoup de femmes et de soignants. Forcément, un accouchement qui respecte la physiologie sera moins traumatique, laissera moins de trace et pourra même aller plus vite. Ce qui est un atout majeur aussi bien pour la femme qui accouche, que pour le bébé qui se fraie un passage vers sa nouvelle vie.
Mais, attention ! Avec l’essor des réseaux sociaux, les mots ont une fâcheuse tendance à perdre leur définition et les cultures et traditions se voient ôter tout leur sens. Aussi, est-il important de revenir aux définitions strictes pour comprendre le concept.
C’est quoi, l'accouchement physiologique ?
Le Larousse donne comme définition de ce qui est physiologique : se dit des fonctions et des réactions normales de l’organisme.
Aussi, comprend-on qu’il n’est nul besoin d’artifice pour respecter la physiologie. C’est à ce moment précis qu’il faut se « déconnecter » de toutes les chaines Instagram et autres qui vous vendent des techniques et des gadgets pour un accouchement « nature ». L’accouchement est, en soi, un acte naturel, pas besoin de le dénaturer.
Revenons donc à l’essentiel : que doit-il se passer pendant une grossesse et un accouchement et que ne doit-il pas se passer ?
La grossesse, une course contre la gravité.
Au contraire des autres mammifères, les humains sont bipèdes. Et c’est là le seul problème de la grossesse. Chez les mammifères à quatre pattes, le périnée ne reçoit aucune pression. Il est vertical entre l’anus et les voies génitales, qui ne sont pas non plus soumis à des forces internes (ni externes d’ailleurs). Le périnée n’a donc qu’à s’ouvrir au moment opportun sous l’effet des mouvements du petit, de la contraction réflexe de l’utérus et grâce au travail hormonal. C’est uniquement pendant le travail que le périnée commence son « travail » de dilatation, à son rythme. Puis, il s’ouvre pour la délivrance. Et par la suite, il se remet doucement. Pendant plusieurs semaines. N’étant toujours pas soumis à la gravité grâce à sa position, il n’y a donc jamais de problème de gravité (descente d’organes, pesanteurs, douleurs, incontinence) chez les animaux.
Mais…. Pas chez nous ! Les humains sont bien campés sur leurs deux pieds, leur périnée est dans l’autre sens. Il est horizontal. Et il reçoit tous les efforts de poussées (quand on ne sait pas pousser correctement) . Il est tassé en fin de journée quand nous nous sommes vautrs dans notre chaise de bureau toute la journée. Il subit des tensions gigantesques lors des mauvais efforts de poussées pendant la défécation mais aussi pendant des séances sportives (les fameux « crunchs »). Enfin pendant la grossesse, bébé finit par mettre son poids dessus.
Sauf que pour que la grossesse se fasse correctement, il faut absolument que le périnée reste fermé jusqu’au terme, étanche, pour éliminer toute menace d’accouchement prématuré.
Aussi, nous faut-il veiller sur lui tout au long de la grossesse. Et c’est là que les nouvelles modes naturelles commencent à nous embêter...
Prépare-t-on ce qui est physiologique ?
La réponse est bien évidemment non. Ce qui doit se passer, se passera. Alors bien sûr, on peut aider la physiologie à le rester, par exemple, en bougeant, en marchant, en changeant de position, en s’aidant de bonnes respirations.
Mais, doit-on commencer à étirer un périnée des mois à l’avance pour le « préparer » ? La réponse est non !
Protégez votre périnée, ne l’étirez pas.
Dans ces nouvelles modes du tout « naturel », pour tout anti-chirurgical, il y a des modes qui poussent à la casse. Certains vendeurs ont compris qu’une des peurs légitimes de la grossesse était la peur d’être déchirée. C’est un cauchemar fréquent chez les femmes enceintes. La peur de la déchirure peut être matérialisée, si l’on peut dire, dans la peur de l’épisiotomie. Cette incision pratiquée sur le coté du vagin pour éviter une déchirure naturelle qui irait jusqu’à l’anus.
Ces vendeurs-là ont donc créé des machines censées vous protéger de cette épisiotomie, et les ont donc appelées : épi-no. Tel un slogan syndical : dites non à l’épisiotomie ! Luttez, mesdames, contre cette tyrannie du scalpel.
Oui…. Mais, non !
Bien sûr que l’épisiotomie est beaucoup trop pratiquée en France à cause du manque de personnel hospitalier, des plannings trop serrés, des soignants pas assez formés à la physiologie, et, il faut bien le dire, de plus en plus de futures mamans qui ne veulent rien savoir par peur de trop visualiser. Si la femme qui accouche ne sent rien, ne comprend pas les transformations naturelles de son corps pendant le travail et la délivrance, ça ne peut pas bien se passer, et, dans ce cas là, il vaut mieux une épisiotomie qu’une déchirure complète du périnée. Epi-no et le fameux massage du périnée ont comme idée de vous faire étirer votre muscle périnée tout au long de votre grossesse, comme un stretching du périnée, afin qu’il puisse faire un grand écart le jour J sans se faire un claquage.
Sauf que…. Nous sommes toujours bipèdes et soumis à la gravité. Notre périnée a pour vocation ultime, pendant une grossesse, de rester le plus fermé possible. Si nous l’étirons, via des massages ou des ballonnets de torture pendant la grossesse, primo, nous risquons la menace d’accouchement précoce et donc l’alitement. Ou bien nous risquons aussi d’abimer les fibres musculaires et qu’elles ne soient plus assez réceptives à ce que la physiologie leur demande de faire au moment fatidique. Le risque est donc de ne plus pouvoir pousser correctement et dans l’axe. Et donc de risquer… une épisiotomie ! Dommage, non ?
Par ailleurs, le périnée est un muscle en partie comme les autres, c’est-à-dire qu’il réagit de manière réflexe à l’étirement, en se contractant. Aussi, lorsque vous faites une stretching forcé d’un muscle n’ayant aucune envie de se laisser détendre pour rien, il se recontacte. Et de toute manière, une fois relevée de la table, la gravité vient peser dessus, l’étirer en quelque sorte, et revoilà notre périnée qui fait son devoir en protégeant bébé par sa fermeture.
Le bassin s’accommode déjà de lui-même pour pouvoir effectuer sa chorégraphie au moment opportun.
La crainte de la déchirure est normale comme nous l’avons vu, mais Dame Nature a tout prévu. Tout au long de la grossesse, des hormones de laxité sont sécrétées (la relaxine en particulier), les ligaments se détendent. Puis, des hormones préparent les muscles au grand écart, votre cerveau est dopé de toutes parts pour effectuer un marathon incroyable sans fausse note et sans dérapage. Il faut juste se laisser guider. Et pour cela, il faut connaitre le mode d’emploi. Et même dans le cas de traumatisme douloureux, une bonne rééducation du périnée vous permettra de retrouver son bon fonctionnement en post-partum.
Accouchement : les phases du travail et de la délivrance
Quand bébé n’a plus de place, il commence à s’agacer. Il tape dans le muscle utérin. Ce muscle commence à lui répondre aussi en se contractant. Chaque fois que bébé bouge, par réflexe, l’utérus se contracte. Si les contractions se rapprochent de plus en plus, alors c’est le signal d’alarme pour le cerveau. Les glandes se mettent en branle-bas de combat et lancent des cargaisons d’hormones, dont de l’ocytocine.
Cette attaque hormonale délivrera le message au périnée qu’il est temps de se relâcher et de s’ouvrir pour laisser passer ce qu’il protégeait depuis tant de mois. Une fois que le périnée commence à se détendre légèrement, bébé descend d’un étage. Il était dans votre vente : il va s’engager dans votre bassin. Pour cela, les ailes iliaques sur le côté vont s’ouvrir vers le haut, le haut du sacrum va reculer, le coccyx va revenir vers l’avant.
Votre bassin se conduit comme une fleur dont les pétales s’ouvriraient. Bébé descend dans une enceinte fermée en bas. Il y restera peu de temps. Juste le temps que votre périnée finisse son stretching sous l’action des hormones et de la tête de bébé qui commence à mettre de la pression dessus.
A ce moment là, le bassin change de sens pour le pousser vers la sortie. Les ailes iliaques vont se refermer en haut, le haut du sacrum rentre en dedans, le coccyx se pousse loin en arrière, les ischions s’écartent au maximum. La fleur éclot dans l’autre sens. Bébé a toute la place pour passer ce détroit inférieur. Et c’est le moment de la délivrance.
Tout s’est bien passé.
Du coup, comment accoucher de manière physiologique ?
Comme nous l’avons vu, point besoin d’artifice, d’étirement, ou d’huile (l’huile de pépin de raisin est de plus en plus utilisée alors même qu’elle n’a aucune vertu, que le corps a prévu suffisamment de liquides pour que ça « glisse » et que bébé est enduit naturellement de vernix qu’il est dommage d’abimer avec un élément extérieur). Il faut connaître la chorégraphie et apprendre à la ressentir. Apprenez au préalable à connaître votre corps et à connaître votre bassin.
Pas de panique, les nouvelles péridurales permettent de sentir ce qui se passe, sans douleur, ou avec moins de douleurs. Et surtout, elles permettent de bouger.
Alors, bougez !
Lors du début du travail, pendant les contractions de l’utérus il est important de respirer. Les muscles ont besoin d’oxygène pour ne pas tétaniser. Donc, l’important pour cette phase, c’est la respiration, dans n’importe quelle position. Assisse, debout, sur le côté, à 4 pattes. Soufflez. Sans saccade. Essayez de compter vos inspirations et vos expirations et tentez d’avoir les mêmes chiffres à l’inspiration qu’à l’expiration. Quand bébé commence à descendre, bougez votre bassin. Montez des escaliers. Bougez le bassin sur un ballon. Faites du Hoola-Hoop. Dansez la salsa. Faites un cours de Zumba. Frayez-lui le chemin le plus large pour qu’il descende.
Une fois descendu dans le dernier détroit, il est temps de faire le plus de place possible pour qu’il passe entre vos ischions. Prenez alors la position qui ressemblerait la plus à une position que vous pourriez prendre si vous deviez aller à la selle. Pas poétique mais c’est ce qui ouvre plus le détroit inférieur du périnée. Mettez vous à 4 pattes. Ou sur le côté avec une jambe très relevée. Ou ramenez presque les genoux à la poitrine. Faites vous aider. Par la sage-femme. Par votre conjoint.e. Sentez-le. Sentez où votre instinct vous dit de pousser.
C’est ça, la physiologie !
Et en cas de problème, les soignants seront toujours là pour vous.
N’hésitez jamais à en parler à vos praticiens. Et si vous avec un doute ou des douleurs pendant la grossesse, pensez à consulter votre ostéopathe pour libérer tout ce qui a besoin de l’être.
Prenez soin de vous et soyez à l'écoute de votre corps, tout simplement.
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